Préface du ministre François Fillon :

Il est des chiffres difficiles à croire et à tolérer dans un pays comme le nôtre, au prélude du 21e siècle. Et pourtant…

Parmi ceux-ci, il en est un qui résonne comme un triste constat : 15% des enfants qui entrent en 6e ont des difficultés à suivre une scolarité normale, faute de savoir lire et écrire correctement.

Ce constat n'a pas sa place dans une conception exigeante de l'égalité des chances. Notre langue est l'expression du génie français, elle ne saurait être celle de l'inégalité.

Dès lors, l'Ecole doit se fixer comme objectif essentiel que tout enfant qui entre en 6ème doit disposer d'une bonne maîtrise des savoirs fondamentaux. En d'autres termes, aucun élève ne doit pouvoir quitter le primaire sans savoir lire, écrire et compter. Nous devons faire porter nos efforts sur ce qui doit être une priorité de la Nation.

Le repérage précoce des difficultés est la base de la prévention en matière d'illettrisme. C'est donc sur l'ensemble du cycle 2 que nous portons notre effort.

La place de la maternelle doit être réaffirmée, et en particulier celle de la grande section, dans les apprentissages fondamentaux. C'est là que l'enfant acquiert la maîtrise du langage oral et s'initie au fonctionnement de la langue. C'est là aussi que l'on doit mieux repérer les élèves fragiles et les aider à aborder le CP dans les meilleures conditions.

Dans le combat pour la maîtrise de la langue, la continuité et la cohérence pédagogique entre la grande section et le CP constituent un autre point crucial. Les premières données de l'évaluation du dispositif de prévention de l'illettrisme mettent en évidence l'importance des différences entre les élèves. L'amélioration de la prise en charge des lacunes dès le CP est indispensable afin d'éviter d'engager trop vite les élèves en retard dans des apprentissages pour lesquels ils ne sont pas préparés.

Mais l'essentiel dans ce combat repose sur la pédagogie des maîtres. Leur métier est souvent l'engagement d'une vie. Ils doivent être aidés et accompagnés dans leurs initiatives pédagogiques, notamment par le biais d'outils pratiques et efficaces.

En ce sens, « Nouveaux regards sur la lecture » apporte une contribution utile et intéressante au débat. A partir du regard croisé des spécialistes de l'Observatoire National de la Lecture, cet ouvrage aborde les points essentiels de l'apprentissage de la lecture et de son enseignement. Il met en phase les avancées de la recherche et les orientations des programmes officiels de l'école primaire.

Conçu comme un outil pratique, riche de la diversité des points de vue exprimés, ce document devrait apporter aux enseignants en formation comme à leurs formateurs, les éléments d'analyse et d'observation indispensables pour les aider à mieux répondre aux difficultés des élèves lorsqu'ils auront à les accompagner dans les premiers pas de cet apprentissage.

Par la qualité de ses analyses et de ses orientations, cet ouvrage saura susciter l'envie d'aller plus loin sur une question à laquelle nous nous devons d'apporter, ensemble, des réponses dans le quotidien de la classe.
François FILLON