1 - Comprendre
- 1er obstacle à la compréhension : saisir les relations entre le vieux rat narrateur et le petit raton de l’histoire
Cela suppose de se reporter au texte qui est clair : « Un jour, il y a de cela fort longtemps, au temps où ma longue queue ne ressemblait pas encore à un vieux balai, j’étais couché dans le jardin et venais de boire le biberon de lait que m’avait donné ma maman. »
Et il est précisé que le vieux rat aime « raconter des histoires. Des histoires comme celle-là »
L’illustration apporte une réponse en reprenant les attributs de chacun :
- le vieux rat porte des lunettes et un petit fichu de vieillard frileux. On le retrouve après l’épilogue, voûté, avec la moustache en bataille et un foulard à carreaux ;
- le jeune raton est identifié par ses couches fermées par une épingle à nourrice et son étiquette jaune à la queue. Dès la page de garde, avant que l’histoire ne commence, l’illustration présente l’épingle à nourrice, seule sur un large carré vert foncé, puis l’étiquette jaune, puis sur une troisième page, la couche qui sèche ;
- les becs des oiseaux faisant office de pinces à linge, tandis que derrière se découpe en ombre chinoise la silhouette d’un rat (ou d’une maman-rat !).
Pendant tout le récit, le jeune rat conserve ses attributs.
Mais ce n’est pas si simple ! Si l’on peut comprendre pour l’épisode de la rivière, qu’un des poissons suce une tétine, comment interpréter au recto de la couverture l’image du poisson porteur de lunettes enveloppé dans ce qui pourrait ressembler à un lange, sinon comme indice qu’il s’agit en fait du même personnage à des niveaux de fiction différents.
- 2ème obstacle à la compréhension : passage du niveau 1 de la fiction au rêve et retour au niveau 1 de la fiction.
Rien n’indique au début de l’histoire qu’il s’agit d’un rêve. Cependant les événements prennent un tour plus invraisemblable avec l’épisode de la rivière où le raton apprend à vivre dans l’eau.
Il faut que le récit s’achève pour comprendre qu’il s’agissait d’un rêve grâce aux explications de la maman : « Tu t’es endormi au soleil…Tes frères et soeurs ont tout fait pour te réveiller ».
C’est le moment de revenir au début du texte pour mettre en parallèle les deux niveaux de la fiction :
- « (l’oiseau) me saisit par l’oreille » dans le rêve et « Ils t’ont pincé l’oreille » niveau 1de la fiction
- « (Un grand chien) …J’appris vite à aboyer et à remuer la queue » et « Tu as seulement aboyé comme un petit chien »
- « (Un gros poisson) mordant à mon orteil, il me tira dans l’eau » et « Ils t’ont…mordillé l’orteil…et même aspergé » « Tu as seulement …en faisant des bulles »
etc…
On pourra demander aux élèves de rechercher à quel épisode correspond dans le rêve : « Ils ont tiré tes moustaches » et d’ élaborer un tableau regroupant les perceptions du jeune rat et les interprétations qu’il en fait dans son rêve. On pourra en imaginer de nouvelles afin de poursuivre le rêve…
La mise en voix du texte par les élèves (CE1) est une manière de confirmer pour tous, la compréhension de la situation d’énonciation et l’identification du récit de rêve.
2 - Interpréter
Retour au niveau 1 de la fiction
Le héros a-t-il changé à la suite de ce rêve initiatique ?
Il a beau raconter son histoire, son public reste incrédule et rit. Il se résigne donc et rit aussi. Mais la leçon qu’il en tire est la découverte de son identité propre et du bonheur d’appartenir à cette famille de rats « Eux ne m’ont pris pour personne d’autre que moi. Ils ne se sont pas servis de moi. Ils m’ont seulement câliné et embrassé. » Si l’on observe bien l’image parallèle à ce texte, on s’aperçoit que la couche du raton est tombée et que l’épingle à nourrice restante est ouverte : Bébé raton a grandi... un petit peu …car à la page suivante il a de nouveau sa couche ! Devenir grand n’est pas une progression linéaire, on a droit à la régression !
L’album s’ouvre (p. 3 & 5) sur deux pages ne comportant qu’un objet : une épingle à nourrice puis une étiquette à bagage jaune. On pourra demander aux élèves ce que peuvent symboliser ces deux éléments par rapport à Raoul. Au fil de l’album, le lecteur pourra déchiffrer sur l’étiquette le mot anglais « Smudge » qui pourrait se traduire par « trace, bavure ». Dans le cadre de la recherche d’un titre pour l’album, après avoir fait des propositions discutées en classe, les élèves pourront explorer les significations du titre anglais « Smudge » avant de découvrir le choix de la traductrice française, G. Elschner, « Raoul ».