Mise en texte : traitement du temps et de l'espace
En croisant les données des divers textes, le temps chronologique peut être établi de la naissance supposée du personnage le15 août 1868 à sa mort présumée dans le Yukon en Arctique, le15 août 1951. Par contre, les tentatives d'interprétations devront prendre en compte les distorsions, les raccourcis, les dilatations, les blancs dans le traitement du temps du récit.
La double page suivante condense les trois années de voyage : le temps est symbolisé par la montre où alternent soleil et lune, jours et nuits. Le temps encore transforme le visage du héros : photo de son jeune visage sur son passeport bardé de visas, puis quatre portraits-médaillons qui marquent sa mutation en explorateur polaire. Le temps enfin, saisi dans l'image par des zooms sur la succession d'événements essentiels qui ponctuent le voyage : l'achat du cheval, puis sa vente et l'achat du traîneau, enfin le passage mouvementé d'Asie en Amérique par la mer de Béring gelée.
L'espace est représenté par une carte foisonnante de références, topographiques, historiques, culturelles, anthropomorphiques (femme-volcan, poisson-péninsule, loup-forêt ; carte de l'Arctique où les rivages glacés sont des animaux fantastiques tenant du morse, de l'ours ou de l'oiseau…). L'itinéraire du voyageur est matérialisé par un chemin de la ville de départ au détroit de Béring. Certains indices ne pourront être interprétés qu'après la lecture du prologue ou du texte de la page suivante (convoi de prisonniers politiques, achat du cheval…)
Cette double page contraste avec l'immensité de la double page suivante : le petit traîneau posé sur l'uniformité du fond gris-bleu où la terre et le ciel se confondent rapidement. " De temps en temps, nous nous arrêtons dans l'espoir d'apercevoir un signe de vie. Mais aussi loin que porte mon regard, je ne vois que neige et glace et l'espace infini. Je suis libre ".
Cette solitude, cette perte de repères dans le temps et dans l'espace, comme dans sa propre vie, va permettre la cohabitation du réel et du fantastique. Dans les deux premières pages du carnet de bord, le texte très prosaïque relate l'aménagement d'un abri. Il contraste avec les vignettes présentant la caverne comme un être magique et bienveillant, anthropomorphisé, habité par des esprits à figure de mammifère ailé et d'oiseau qui veillent sur le voyageur. Le monde esquimau le protège déjà, sans qu'il en ait conscience. Ceci est confirmé par la double page suivante où le voyageur avance dans une tempête de neige et commente " Je pensais trouver des esquimaux, mais je n'ai vu âme qui vive, je me sens bien seul ", alors que chaque flocon est un visage ou un regard, et qu'il passe innocent entre les pièges aux dents acérées.
À partir de cette renaissance, le temps et l'espace existent à nouveau. Le carnet de bord marque les étapes d'une éducation nouvelle chaque vignette décrit minutieusement un nouveau savoir-faire. C'est aussi la conquête d'un nouvel espace, qui s'élargit à tel point que le regard du narrateur tel celui d'un dieu devient planétaire pour enregistrer la colonne noire des intrus qui débarquent de l'autre côté de la montagne, puis le rapport de force entre les deux civilisations, côté lumière, côté ténèbres. Le temps, lui est marqué par la présence d'un journal, le " San Francisco Time " titrant " Gold ! ". Une simple recherche dans un documentaire permettra de situer l'époque : aux alentours de 1895.
Et le récit débouche brusquement sur une fin ouverte, par la marche des chercheurs d'or conduite par le héros et focalisée sur la montagne magique auréolée de lumière rose et or. Parviendra-t-il à les détourner du village esquimau et pour combien de temps ? Qu'adviendra-t-il de ces hommes assoiffés d'or lorsqu'ils rencontreront comme lui la montagne magique ?
- Le voyage
La double page suivante condense les trois années de voyage : le temps est symbolisé par la montre où alternent soleil et lune, jours et nuits. Le temps encore transforme le visage du héros : photo de son jeune visage sur son passeport bardé de visas, puis quatre portraits-médaillons qui marquent sa mutation en explorateur polaire. Le temps enfin, saisi dans l'image par des zooms sur la succession d'événements essentiels qui ponctuent le voyage : l'achat du cheval, puis sa vente et l'achat du traîneau, enfin le passage mouvementé d'Asie en Amérique par la mer de Béring gelée.
L'espace est représenté par une carte foisonnante de références, topographiques, historiques, culturelles, anthropomorphiques (femme-volcan, poisson-péninsule, loup-forêt ; carte de l'Arctique où les rivages glacés sont des animaux fantastiques tenant du morse, de l'ours ou de l'oiseau…). L'itinéraire du voyageur est matérialisé par un chemin de la ville de départ au détroit de Béring. Certains indices ne pourront être interprétés qu'après la lecture du prologue ou du texte de la page suivante (convoi de prisonniers politiques, achat du cheval…)
Cette double page contraste avec l'immensité de la double page suivante : le petit traîneau posé sur l'uniformité du fond gris-bleu où la terre et le ciel se confondent rapidement. " De temps en temps, nous nous arrêtons dans l'espoir d'apercevoir un signe de vie. Mais aussi loin que porte mon regard, je ne vois que neige et glace et l'espace infini. Je suis libre ".
Cette solitude, cette perte de repères dans le temps et dans l'espace, comme dans sa propre vie, va permettre la cohabitation du réel et du fantastique. Dans les deux premières pages du carnet de bord, le texte très prosaïque relate l'aménagement d'un abri. Il contraste avec les vignettes présentant la caverne comme un être magique et bienveillant, anthropomorphisé, habité par des esprits à figure de mammifère ailé et d'oiseau qui veillent sur le voyageur. Le monde esquimau le protège déjà, sans qu'il en ait conscience. Ceci est confirmé par la double page suivante où le voyageur avance dans une tempête de neige et commente " Je pensais trouver des esquimaux, mais je n'ai vu âme qui vive, je me sens bien seul ", alors que chaque flocon est un visage ou un regard, et qu'il passe innocent entre les pièges aux dents acérées.
- Mort et résurrection
À partir de cette renaissance, le temps et l'espace existent à nouveau. Le carnet de bord marque les étapes d'une éducation nouvelle chaque vignette décrit minutieusement un nouveau savoir-faire. C'est aussi la conquête d'un nouvel espace, qui s'élargit à tel point que le regard du narrateur tel celui d'un dieu devient planétaire pour enregistrer la colonne noire des intrus qui débarquent de l'autre côté de la montagne, puis le rapport de force entre les deux civilisations, côté lumière, côté ténèbres. Le temps, lui est marqué par la présence d'un journal, le " San Francisco Time " titrant " Gold ! ". Une simple recherche dans un documentaire permettra de situer l'époque : aux alentours de 1895.
Et le récit débouche brusquement sur une fin ouverte, par la marche des chercheurs d'or conduite par le héros et focalisée sur la montagne magique auréolée de lumière rose et or. Parviendra-t-il à les détourner du village esquimau et pour combien de temps ? Qu'adviendra-t-il de ces hommes assoiffés d'or lorsqu'ils rencontreront comme lui la montagne magique ?
Last modified
2007-01-19 09:51