Mise en texte : présentation des savoirs
Hormis les quatre dernières doubles pages, l’album est constitué d’une suite de trois pages organisées en système, deux pages opaques reliées par un transparent coloré recto verso. Le transparent ne se lit pas pour lui-même mais superposé à l’une ou l’autre des deux pages.
La démarche explicative va de la graine à l’arbre puis de l’arbre à la graine. Une rupture thématique découle d’une définition de l’arbre comme plante et comme appellation générique d’une espèce avec présentation de quelques arbres remarquables, de leurs feuilles et de leurs fruits. Une dernière page est consacrée à quelques utilisations du bois et l’album se termine par une mise en abyme car le livre que tient le lecteur se trouve être constitué du bois de l’arbre qui a servi à faire du papier …
Le texte appelle l’image :
- par les questions adressées directement au lecteur « Qu’est-ce qui se cache dans cette bogue verte et piquante ? »et l’image appelle le texte car le dessin ne suggère pas toujours au jeune lecteur la réalité.
« Un marron tout lisse ! »
La cohérence thématique est maintenue par un lexique approprié et une interaction serrée entre le texte et l’image. D’une page à l’autre on découvre l’aspect physique du marron dans sa bogue puis qu’il est une graine qui germe pour donner un arbre. Il faut encore inférer qu’il s’agit d’un marronnier. La désignation « arbre » donne au texte sa vocation de généralité alors que l’image maintient la référence sur le marronnier.
La suite d’images est scandée par le rythme des saisons avec ses codes culturels (hiver, printemps, été, automne) permettant de finir la boucle sur la chute des marrons. Ceci constitue le script des albums traitant d’un cycle végétal qui guide souterrainement la lecture des plus experts.
Mise en images
Dans cette collection, le travail de mise en images constitue l’élément essentiel de la présentation des savoirs.
Outre le jeu des transparents et l’interaction calculée entre le texte et l’image, il est révélé par une rhétorique visuelle particulière :
- Esthétique : hyperréalisme du dessin et des couleurs qui fait penser à de la photographie
- Alternance des plans et permanence d’un élément visuel et cognitif assurant le lien d’une page à l’autre : un alignement de la surface du sol assure le lien entre la page de droite représentant la germination et le développement de la plantule dans le sol vu en coupe et la page de gauche sur laquelle se déploie l’arbre adulte avec un premier plan de prairie. Le transparent comprenant recto
- verso la partie de la page représentant la prairie découvre la partie souterraine de l’arbre adulte.
- Gros plans sur l’activité du bourgeon avec permanence de la forme sur trois pages dont une transparente : là, c’est la séquentialité du processus qui est représentée.
- Plan moyen sur le développement de la hampe florale sur transparent qui au verso devient la forme verte et fleurie des arbres au printemps alors que la page de droite désigne la formation des fruits. Là, on constate une digression graphique par rapport au développement explicatif sur le processus de la fleur au fruit par le fait que le recto du transparent rompt avec la permanence de la signification : la forme ronde ne représente plus la fleur mais la tête de l’arbre.
- Mélange de dessin en coupe et de représentations souterraines pour l’image présentant le milieu écologique de l’arbre dans l’image découverte sous le dernier transparent ; au verso du transparent ce sont les animaux qui vivent dans les ramures et sous l’écorce page de droite ce sont les animaux sous la terre et les oisillons nichés dans un trou creusé dans le tronc.
L’image hyperréaliste sur le plan technique n’est absolument pas une reproduction de la réalité mais les techniques de mise en images sont au service d’un projet de transmission de connaissances et ont une visée descriptive.