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Extrait des situations d'utilisation des livres de jeunesse en classe. Pages 90 à 94 de l'ouvrage. Bien entendu les mêmes recommandations, adaptées au niveau des élèves, sont proposées pour les cycles 1 et 2.

Des livres dans quelles situations ?

Le cycle 3 est l'occasion de poursuivre ce qui a été engagé au cycle 2 dans l'esprit de la configuration déjà explorée : "un maître / des textes / des élèves / des modes de lecture". Toutefois, ces trois années comportent des spécificités fortes, en particulier ce qu'on peut désigner comme l'apprentissage de la lecture longue, qui vont orienter les situations d'appropriation des livres :
l'importance du temps personnel consacré aux usages du livre ;
l'apprentissage de la lecture longue ;
la quantité et la diversité des ouvrages.

La part du temps personnel consacré aux usages des livres est grandissante de la première année du cycle à l'orée du collège. L'élève est constamment sollicité pour lire de plus en plus seul. Cela ne veut pas dire qu'il ne participe pas à des activités de lecture collective et qu'il ne dispose pas d'aides appropriées en cas de difficultés. L'élève devrait justement trouver tous les moyens pour progressivement développer ses capacités en lecture de plus en plus autonome et sur des durées de plus en plus longues. C'est pourquoi on pourrait envisager une activité hebdomadaire voire bi-hebdomadaire minimale de lecture silencieuse et personnelle, allant de quinze minutes à une heure de la première année à la dernière du cycle. Auparavant l'élève se voyait fréquemment sollicité, relancé et aidé par l'enseignant. Il doit certainement toujours l'être, mais avec des modalités totalement renouvelées. Avec le temps, l'élève construit une stratégie globale de lecteur en passant par de nombreux essais. Ceux-ci comportent bien entendu des erreurs, des reprises, des bonds en avant. La classe permet justement de s'exercer et surtout d'échanger, de confronter, de réfléchir afin d'améliorer, de transformer, d'adapter ses modes de lecture, mais aussi d'en adopter d'autres et, pourquoi pas, de promouvoir les siens. Si le cycle 3 est le cycle de la lecture de plus en plus maîtrisée, il n'est pas encore le lieu et le moment d'une lecture normalisée, ou adaptée à toutes les normes sociales et / ou scolaires. Le collège que rejoindront tous les élèves y pourvoiera en temps utile.

La quantité grandissante des lectures résulte de l'augmentation considérable, au cours de ces trois années, de la longueur des textes, mais également de l'augmentation de la quantité des ouvrages lus et à lire. La palette de plus en plus variée des usages possibles, et donc des savoir-faire à développer au cours de ces usages, participe également à cette augmentation : de la consultation rapide à l'étude approfondie, du feuilletage de plusieurs livres, aux recherches précises dans un corpus de textes variés...

L'ensemble de ces spécificités contribue à construire l'individu - lecteur dans son histoire de lecteur.

L'hétérogénéité qui existait déjà au cycle 2 est toujours présente au cycle 3. Il ne s'agit pas de distinguer trop rapidement des "bons" et des "mauvais" lecteurs, mais de repérer des performances de plus en plus diversifiées et forcément variables. À la dichotomie qui oppose les "bons" et les "mauvais" lecteurs ne faut-il pas ajouter des différences déjà affirmées, parfois caricaturales, mais souvent pertinentes : entre les garçons et les filles, les lents et les rapides, les patients et les impatients, les rêveurs et les réalistes, mais également une bonne et une faible mémorisation, des goûts prononcés et des goûts en formation etc. ?

Tout ceci va orienter le choix des situations d'appropriation des livres et l'organisation adaptée de la classe. On continue bien évidemment d'utiliser les dispositifs déjà empruntés au cycle 2.

Voici quelques pistes d'activités spécifiquement destinées à ce cycle et donc complémentaires des précédentes propositions.

Il s'agirait avant tout d'établir un programme de lectures. Ce programme intègre une programmation liée à une progression des activités au fond semblables à celles du cycle 2. Il est de ce point de vue la résultante d'une réflexion de l'enseignant. Toutefois, au cycle 3, le programme de lectures serait, avant tout, une prise de conscience progressive par l'élève, qu'il lit de plus en plus avec tout ce qu'il a lu auparavant, qu'il lit dans un projet de lecture à plus ou moins long terme, c'est-à-dire avec des livres lus et à lire, des textes rencontrés et à rencontrer, avant et après celui qu'il est en train de lire. Le lecteur du cycle 3 découvrirait, même si cela a pu être envisagé dans certaines situations au cycle 2, qu'il lit non pas un texte dans une leçon de lecture mais un texte, élément d'une constellation textuelle, dans un programme de lecture et plus précisément dans une histoire de lecteur, la sienne s'articulant à celles des autres, à celle de la classe. Cette histoire des lectures de la classe est extrêmement importante au cycle 3 et les élèves sont en charge de son écriture et de sa mémoire.

Ce programme de lecture offrirait ainsi autant d'occasions pour un apprentissage plus assuré, où les efforts des uns et des autres coopèrent et où l'élève situe progressivement ses lectures, scolaires et privées, dans un projet de vie et donc dans un projet scolaire. Autant de chances données à une lecture continuée, sachant bien que les abandons ultérieurs si redoutés résultent le plus souvent d'une absence de relations entre lecture et projet.

Les objectifs du programme de lecture :
Familiariser les élèves avec l'univers du livre et celui de la littérature ; le maître proposerait des lectures-feuilleton alternant les lectures magistrales et les lectures faites par les élèves (de préférence préparées, tout en disposant de courts moments non préparés, pour également s'entraîner à la lecture à voix haute improvisée) ;

Créer des réseaux de lectures en relation avec la B.C.D. autour d'œuvres complètes d'un auteur, d'éclairages divers et variés sur un thème, une période historique, un pays, une notion scientifique, une invention technologique, etc., des réécritures d'un même récit (mythe, légende, conte, mais aussi fait divers, événement historique, biographie de personnage célèbre, etc.), des fonctionnements textuels permettant d'observer les rôles des personnages, les variations du point de vue, l'humour, la ruse, la parodie, etc. ;

Explorer des situations problèmes afin de donner sens aux constellations de textes, d'aider l'élève à les parcourir en maintenant l'intérêt, en stimulant l'activité de comparaison dans des corpus de plus en plus vastes (voir la partie "Des livres pour quels apprentissages ?")

Mettre en synergie les lectures personnelles des élèves et les lectures collectives de la classe: lecture silencieuse de plus en plus longue en classe accompagnée de traces écrites personnelles sur un cahier individuel de lectures, afin de préparer ou de conserver en mémoire les lectures débat et les lectures approfondissement (activités de comparaison, d'exemplification, d'argumentation).

Matérialiser la mémoire des lectures réalisées, soit individuellement, soit collectivement, en consignant les moments forts des lectures :

en prenant appui sur des enregistrements audio de lecteurs professionnels (poète lisant ses poèmes, acteurs, etc.), sur des ateliers de mise en voix des textes (ou fragments de texte) par les élèves eux-mêmes : le magnétophone est un instrument d'une incomparable richesse de ce point de vue qui permet une utilisation autonome efficace au cycle 3 (en particulier dans le cadre d'activités différenciées). Chaque élève peut ainsi conserver ses performances orales.

en faisant réaliser des anthologies de morceaux choisis par les élèves (alternativement ou simultanément et surtout en fonction des objectifs, des possibilités et des plaisirs, manuscrites, coupées/collées ou encore composées/imprimées avec le traitement de texte) pour recopier et mémoriser des fragments de leurs lectures, les sélectionner (couper/coller constitue une activité extrêmement riche de lecture permettant d'observer minutieusement les divers plans du texte : syntaxe, cohérence etc.), justifier ces sélections (en titrant, commentant, introduisant les anthologies). Le cycle 3 entretient le plaisir et l'intérêt de l'activité d'illustration : donner sa place à l'illustration dans l'anthologie permet de continuer à travailler cette habileté, mais surtout d'entretenir la réflexion sur les rapports texte/images, sur les images elles-mêmes (sélectionner une image dans une suite, un fragment dans une image, etc.) ;

organiser des activités d'écriture en étroite relation avec les activités de lecture, en proposant des activités d'écriture de dimensions extrêmement variables tout au long des activités de lecture. De nombreux et fréquents petits exercices d'écriture valent mieux qu'une écriture longue décontextualisée des lectures, alors que l'écriture, venant toujours en aide aux lectures, avant, pendant ou après, est forcément stimulée, ressourcée et problématisée autrement que dans une expressivité hors de tout contexte faisant sens. Ecrire en lecture ce n'est pas forcément répondre à des questions et écrire hors lecture, ce n'est pas forcément s'exprimer en attendant que les idées arrivent...

Le travail de l'enseignant consiste alors à essayer de formuler des consignes d'écriture en fonction d'un problème de lecture. Cela demanderait d'être toujours dans une grande écoute aux textes et aux lectures qu'en font les élèves. Ces multiples petites activités peuvent s'organiser et fournir le sommaire d'un cahier des lectures ou d'un petit livre regroupant une période de lecture ; sommaire témoignant d'un programme de lecture pris en main par l'élève.

Toutes ces activités de lecture des livres interviennent au cours des diverses activités disciplinaires dans une perspective convergente.

Elles relient également des lieux variés : la classe bien évidemment comme classe de lecture, les groupes de la classe comme moments et modes d'activité différenciée, la B.C.D. comme lieu de ressources (consultation, recherches documentaires ou bibliographiques...) mais également lieu de travail et de socialisation (lecture silencieuse, travail de groupe, rencontre-débat, exposition...). La classe et la B.C.D. sont des lieux favorisant la circulation des livres et des activités qui les accompagnent. Au cours du cycle 3, les élèves prennent de plus en plus en charge la conception, la gestion de ces circulations (livres dans la classe, travaux dans la B.C.D....).

S'ajoutent à ces lieux scolaires les lieux de lecture publique (bibliothèque municipale, librairie, etc.) et les lieux de lecture privée (chambre, autres pièces de la maison, lieux de vacances, etc.) qu'il faudrait non pas contrôler (avec des fiches de lecture !) mais intégrer dans les parcours de lecture individuels voire collectifs pour les enrichir, afin qu'ils se renforcent mutuellement.

L'ambition du cycle 3 serait de faire que chaque élève prenne l'habitude de fréquenter spontanément les divers lieux de lecture et qu'il sache s'aménager un espace et des moments de lecture personnelle, hors de la présence des autres, pour mieux les retrouver ensuite.

Last modified 2005-09-19 10:20