Mise en scene des savoirs
- a clé de lecture de cet album, c’est le dispositif énonciatif, c’est à dire le dialogue entre le papa et sa fille qui désigne au lecteur ce qui est référencé dans l’image.
« - Oh ! Qu’est-ce que c’est ce truc, Papa ?
- Ça s’appelle une aigrette, Lola, et ça transporte une graine de pissenlit. »
Le lecteur cherche alors le dessin de l’aigrette…
L’image présente toujours la même organisation : le quart inférieur représente le sol en coupe, la partie supérieure vue à l’échelle des campagnols (herbes géantes) est modifiée selon les influences climatiques (vent, pluie, neige), l’alternance jour/nuit, l’alternance des saisons (une année s’écoule).
- Le contenu des échanges est réglé par le questionnement de Lola et les réponses du Papa. Les réponses alternent entre une anticipation des événements (ce qui se passera) et l’observation de ce qui se passe sous les yeux des personnages et donc du lecteur. Cette démarche est initiée par le Papa et reprise par Lola.
« - Je vais t’expliquer. Regarde la graine s’est posée. (…)
C’est la fin de l’automne les feuilles des arbres vont tomber ; les herbes les plantes vont faner, et recouvrir la graine.
- Ça va pourrir tout ça, papa !
- Oui mais c’est bon pour la graine : ça va la protéger »
Le discours pédagogique est réellement interactif, les démarches des deux personnages se conjuguant pour présenter de manière active et réflexive le cycle de la plante.Le rapport texte image est soutenu par l’indexation discursive.
- Des personnages annexes jouent les commentateurs à destination des lecteurs. Ainsi, le pigeon, toujours côté droit de l’image, habillé en fonction des saisons, s’inscrit dans le scénario d’action des campagnols apportant un discours de même statut que les marginalia, notes ou petits croquis en marge, dans d’autres écrits. En ce sens, il peut être en phase avec les propres discours intérieurs du lecteur. Le pigeon migre sur la page de gauche pour conclure « c’est tous les ans pareil » confirmant pour les lecteurs l’idée de boucle.
L’abeille n’a pas le même statut : elle intervient directement sur la fleur. Son entrée en scène est annoncée par le Papa campagnol et située dans le temps et l’espace «au mois de mai ». La double page représente alors deux moments différents dans la narration : ce qui va arriver (page de gauche) et ce qui arrive (page de droite). En effet, l’abeille apparaît s’apprêtant à butiner la fleur de pissenlit maintenant ouverte. Page suivante, elle passe en arrière plan, la focalisation du discours portant sur les mouvements de la fleur au cours de la journée. Elle disparaît de la scène sur ces mots « à la ruche » au moment où la fleur se ferme.