Le décalage entre les représentations habituelles de l’expérimentation (le semis de graines dans la terre tel qu’il est décrit dans les documentaires) et celles que propose l’album fait l’intérêt de la lecture : papier kraft couleur terre, déchiré pour figurer le sol et le trou, fond gris-bleu pour figurer le ciel, personnages en fil de fer et rouages, germe et tige de ficelle… L’articulation entre le dessus et le dessous, entre ce qui germe en terre et ce qui pousse hors du sol, l’alternance du jour et de la nuit trouvent ici des figurations différentes de celles que les jeunes lecteurs découvrent dans d’autres ouvrages.
Néanmoins le plan de coupe donne à voir ce que ni Monsieur Louis ni l’oiseau ne peuvent observer, et le texte joue de l’ignorance du personnage et de l’attente des lecteurs.
Ils doivent à la fois mobiliser leurs connaissances du processus de la germination, et apprécier les libertés que Christian Voltz prend avec la réalité. Il y a loin entre la fleur de haricot et celle que l’oiseau amoureux emporte! Il y a loin entre l’anthropomorphisme qui enveloppe toute l’histoire et l’objectivité de la démarche scientifique.