Pourquoi donne-t-on à lire un ouvrage de la sorte ? Pour la qualité des illustrations ? l’exactitude des informations scientifiques ? L’originalité de la mise en œuvre didactique ? Et, sur l’autre versant, de quelles médiations les jeunes lecteurs auront-ils besoin ?
Le document d’accompagnement « Lire et écrire au cycle 3 » (octobre 2003), à propos des ouvrages documentaires « souvent foisonnants » souligne le caractère indispensable du guidage : « comme pour les textes littéraires, la lecture ( de ces documentaires) ne peut se réduire à une pratique individuelle silencieuse : bien conduits par le maître, les échanges de points de vue, la confrontation d’interprétations différentes doivent permettre d’aller vers une mise au point collective des acquis » (p.18).
Le premier effort auquel les lecteurs seront confrontés sera donc de reconnaître le dispositif adopté, le montage cinématographique, le mouvement de focalisation sur l’objet décrit, les différentes « focales » adoptées, l’équivalence ainsi trouvée avec le travail d’observation à l’aide d’une loupe binoculaire. Le zoom d’un appareil photographique devrait permettre, si besoin était, de comprendre les effets de grossissement et de maîtriser les rapports d’échelle…
Ils auront aussi à repérer que la mise en scène est celle d’une durée : entre le plan initial et le plan final s’écoule le temps d’une saison (l’été). Et, à l’intérieur de ce temps collectif, s’inscrit le temps particulier d’une floraison. Il y a, comme en Histoire, le temps long d’une germination et le temps bref d’une floraison. Il leur faudra noter les valeurs des temps verbaux (le présent de « le vent caresse » et le passé composé de « ces graines ont germé côte à côte » p.7) et les repères temporels « une nuit », « ce matin », « voici maintenant le coquelicot dans sa gloire matinale », « un jour s’écoule », « l’été se poursuit »…Il leur faudra remarquer aussi que, sur le tableau des pages 8 et 9, sont juxtaposés différents états de la floraison (la fleur épanouie, à côté de la capsule ou du bouton).
Peut-être gagnera-t-on à séparer provisoirement texte et image ? A partir du titre Rouge coquelicot, on demandera aux élèves (cycle 3) de donner un titre à chacune des doubles pages, sans se référer au texte, de manière à convoquer leurs représentations du monde végétal et les genres de discours qu’ils y associent. A l’issue de cette activité individuelle et écrite, des échanges permettront de discuter de la validité des titres proposés, eu égard à la situation de sciences dans laquelle elle s’inscrit et au titre avec lequel les discours écrits doivent être en cohérence.
Certains organisateurs devraient apparaître dans les énoncés écrits et dans les énoncés oraux au cours des échanges :
La désignation du temps écoulé : les saisons
La modification du paysage
Le développement de la plante
Les activités humaines et animales
Ils auront enfin à faire le tri dans le texte entre ce qui est information précise, d’ordre scientifique (qui confirme ce qu’on a déjà rencontré en d’autres circonstances, lectures ou observations, qui ajoute à ce qu’on sait, qui permet de mieux comprendre…), et ce qui est discours d’accompagnement, un peu emphatique. Ils pourront s’aider pour cela du dossier terminal et mettre en rapport les inserts qu’il comporte avec les plans plus larges des pages concernées. Ils auront ainsi à :