Les éléments du réel - le vent, les graines, la petite graine - ont peu à peu le statut de personnages d’une narration. Puis, ils sont fictionnalisés, constituant un monde au delà du réel qui aboutit à la fleur géante.
Scène 1 : le vent emporte les graines dont une est plus petite que les autres. Les autres graines ne rencontrent pas de conditions favorables (trop chaud près du soleil ; trop froid sur la glace ; trop humide et salé dans l’océan ; trop chaud et trop sec dans le désert). Elles volent plus haut que la toute petite graine «mais le vent continue à l’entraîner ».
Scène 2 : la petite graine tombe sur le sol. Puis elle échappe au bec de l’oiseau. Elle échappe aussi aux dents de la souris.
Scène 3 : La petite graine germe après les autres. Elle a la chance de ne pas être étouffée par une plante plus grande, ou écrasée par le pied d’un enfant ou encore cueillie par un garçon amoureux.
Scène 4 : la plante se développe, croît au-delà du vraisemblable. Une fleur géante s’épanouit entourée d’insectes et d’oiseaux à l’image du soleil. L’allusion se précise ici avec une double page illustrée d’un soleil à gauche et de la fleur géante à droite évoquant au lecteur averti la floraison du tournesol.
Scène 5 : l’automne entraîne la chute des feuilles et des pétales et la formation des graines que le vent emporte.
À chaque scène correspond une étape de la vie végétale permettant au lecteur de faire une double lecture de l’album.
Le chronotope du récit suit le même projet : à chaque saison correspond une étape du développement végétal sous nos latitudes. Par contre on peut s’interroger sur la réalité du voyage de cette petite graine somme toute exceptionnel….
On remarquera l’autonomie du texte par rapport à l’image qui a une visée essentiellement esthétique. Elle illustre les différentes scènes découpées par le texte. Elle reflète le style de cet auteur illustrateur que les élèves ont peut-être déjà rencontré dans La petite chenille qui faisait des trous (Mijade). Si le texte anthropomorphise la petite graine (elle dort…), l’image ne reprend pas ce procédé. Elle colle au texte représentant les événements mais ayant besoin du texte pour garantir une interprétation en cohérence avec le titre. Car la petite graine est difficile à repérer dans l’image ( papiers découpés sur un fond d’éléments graphiques colorés) et d’une image à l’autre (changement de plan).