Le statut du texte et de l’image ne fait aucun doute : il s’agit d’une fiction qui veut dire aux lecteurs quelque chose du monde. Comment alors dégager ce qui est de nature à décrire le réel et ce qui est de l’ordre d’une poétique.
Autrement dit quelle est la base de connaissances construite ou à construire à partir de cet album ?
L’activité du lecteur s’organise dans un va et vient entre ce qu’il sait des graines et de leur devenir et la présentation que l’album propose. Ainsi devra-t-il se poser un certain nombre de questions satisfaisant cette démarche. Nous pouvons essayer d’en lister quelques-unes :
Ce parcours réflexif se double d’une prise en compte de la rhétorique initiée dans le titre sur le rapport grand / petit. En effet, s’il est vrai que la taille de la graine n’est pas proportionnelle à la taille de la plante adulte dans la réalité, dans l’album, ce rapport est exacerbé. La graine apparaît encore plus petite lorsqu’elle est ballottée ou tourmentée par les éléments (le vent, le feu, l’eau ou la terre) ou menacée par des êtres vivants (la souris, le bec de l’oiseau ou une congénère plus volumineuse). À l’inverse, son développement dépasse le réel puisqu’elle dépasse la taille humaine tout en n’étant pas visiblement un arbre mais ce que l’on nomme communément une « fleur », aspirant à atteindre le ciel et à ressembler au soleil ( association des deux images en première de couverture).