Récit d'abandon (réalisé à deux reprises) et de dévoration (projetée, mais non réussie), Le Petit Poucet offre un espace que chaque jeune lecteur peut investir d'autant plus volontiers que la revanche du "souffre-douleur de la maison" est acquise pleinement. Dans les contes populaires russes, c'est le troisième et le plus jeune des fils du tsar qui sauve la mise, ramène l'oiseau ou l'eau de jouvence. Dans les contes du Maghreb (voir L'Ogresse aveugle, de Nacer Khemir), c'est la plus jeune des sept filles qui déjoue les pièges.
Le Petit Poucet installe sa fantaisie dans un contexte historique et social, que le travail sur le lexique évoqué plus haut permet de retrouver : naissances multiples, hivers rigoureux, famines, rapports de classe, habitudes culinaires... apportent une note de sérieux et invitent à réfléchir l'ancrage du conte dans ce contexte qu'il faudra faire resurgir si on veut comprendre la portée de ces récits.