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Le détective

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1. Liste des ouvrages de la constellation présentés sur le site

- John Chatterton, détective
- Lilas
- Le grand sommeil


2. Texte général

 

  • Un bref historique

 

Donner à des héros d’albums, de romans ou de bandes dessinées le rôle d’enquêteur est un procédé qui s’est répandu dans la littérature de jeunesse depuis le succès de séries telles les enquêtes de Sir Jerry, personnage inventé par Mad H. Giraud, dont les aventures ont été publiées avant-guerre dans La semaine de Suzette, celles des « Sans-Atout » de Pierre Boileau et Thomas Narcejac, celles encore du « Club des cinq » d’Enid Blyton. D’autres œuvres ouvrent la voie, notamment Les Disparus de Saint-Agil (1939) et Signé : Alouette (1960) de Pierre Véry.

Endossant généralement le rôle de détective privé à l’instar de Dominique dans Signé : Alouette ou de Michel dans la série éponyme écrite par Georges Bayard, les jeunes enquêteurs ont presque toutes les qualités de leurs modèles adultes, même si l’adaptation de ce genre implique un amoindrissement des scènes de violence et l’absence de certains délits. En outre, le détective fonctionne dans un système de personnages réduit mais caractéristique du genre (voleurs, indicateurs, policiers…).

Les personnages sont parfois des animaux anthropomorphisés. Se joue alors un autre type de relations en arrière-plan : chat/souris, chat/chien comme dans Théo Toutou. Les personnages inquiétants ou, plus simplement agaçants parce que blagueurs sont alors riches de connotations – par exemple les rats dans Touchez pas au roquefort) ou les cacatoès dans Archibald le koala sur l’île de Rastepappe)

  • Enjeux didactiques

Pour l’enseignant, l’adaptation du genre policier en littérature de jeunesse permet d’être assuré d’une certaine connivence du lecteur qui à la fois re-connaît des lieux de l’action déjà rencontrés au cinéma ou à la télévision, s’identifie aisément au héros et participe à l’enquête. L’insertion du récit dans l’époque actuelle, la présence de lieux citadins, parfois mal famés, généralement interdits aux mineurs, nourrissent l’envie d’aller jusqu’au bout de l’intrigue. L’univers fictionnel ainsi proposé est en grande partie connu par référence à la réalité.

L’enseignant pourra ainsi faire travailler tout à la fois des compétences en lecture (images et textes) car le souci du détail caractérise le genre, et en production écrite (écrits d’invention, écrits intermédiaires constitués par exemples des premières hypothèses ou de réactions plus subjectives…).

Le genre est particulièrement propice au travail en constellation pour comprendre et analyser un système de personnages en dégageant leurs caractéristiques, pour repérer un type de personnage récurrent (Outre le détective lui-même, d’autres personnages-types existent dans ce type de récits comme « l’indicateur »), une caractéristique énonciative (récits en « Je », par exemple), des lieux d’action, des mobiles similaires…

  • Les attributs du détective


Si la violence dans ces récits est relativement euphémisée, le jeune détective est en revanche pourvu de toutes les caractéristiques physiques qui permettent une identification aisée et une confrontation aux modèles du récit pour adultes (qui, s’ils ne sont pas connus des élèves, pourront faire l’objet d’une découverte en classe, par le biais d’images, par exemple) :
-    le personnage possède le plus souvent les mêmes attributs que ceux du privé américain popularisé par le roman noir puis le cinéma : chapeau, imperméable, vieux modèle de voiture  (John Chatterton détective, Théo Toutou), signes à la fois de décontraction, d’élégance et d’efficacité ;

Mais le personnage peut évoluer, par exemple, il n’est plus forcément masculin (Marion Duval)


  • La personnalité du détective

Le jeune détective ressemble à son modèle par plusieurs autres traits

- a sagacité et la capacité à interpréter correctement certains indices auxquels le lecteur, de son côté, peut lui aussi donner sens (Archibald le koala possède une perspicacité digne de celle de Sherlock Holmes dont il partage quelques traits physiques) ;
- l’opiniâtreté qui lui permet de surmonter la déception où l’entraînent des fausses pistes, de déjouer les pièges qui lui sont éventuellement tendus (Le grand sommeil) ; il doit souvent payer de sa personne au prix de prouesses physiques et d’une grande endurance à l’effort.

- la droiture car le jeune détective est généralement en même temps un justicier, un redresseur de tort qui défend et protège les enfants, les jeunes filles ou les animaux, toute victime potentielle d’injustices (John Chatterton) comme dans de nombreuses séries télé ;
- le personnage reste ou voudrait rester, en toute situation, flegmatique, distancié, incorruptible.


Il peut être un idéal à atteindre parce qu’il est porteur d’un ensemble de valeurs facilement repérable en rupture avec le milieu qu’il côtoie dans ses activités, où règnent le désordre, la corruption, l’esprit de vengeance.... Ces valeurs sont portées à la fois par les actions, les descriptions et les dialogues. Pour compléter ce portrait, on peut signaler que le jeune détective est un cerveau et un chasseur de pistes plutôt qu’un bagarreur. Combinant action et réflexion, il est habile à démêler le vrai du faux. Intelligent, rusé, il prend de vitesse le lecteur dans l’interprétation d’indices (Rouletapir, le petit détective, Archiblad le koala, La reine des fourmis a disparu) et triomphe là où d’autres échouent. L’euphémisation du genre engage parfois les auteurs dans un jeu de références intertextuelles (John Chatterton détective, Lilas, Le grand sommeil) comme si le jeu du suspense et le « plaisir du texte » devaient au final toujours l’emporter.

  • Les enquêtes


Dans l’univers de l’album, la concision de la plupart des récits et les caractéristiques des lecteurs expliquent que le jeune détective enquête souvent sur des affaires de disparitions mystérieuses (John Chatterton, La reine des fourmis a disparu), de machinations, de vandalisme (Archibald le koala), de vols (Rouletapir) plutôt que sur des crimes. Il déjoue parfois un complot ou anéantit une bande de truands (Touchez pas au roquefort !).
Il peut être lui-même victime de machination, perdu sur une fausse piste voire berné, du moins provisoirement (John Chatterton).
Toutefois, dans les récits destinés aux enfants plus âgés, le détective peut être confronté à de graves transgressions de la loi : assassinat d’un animal (Le chat de Tigali), rapt avec violence, vengeance sordide (Le monstre du lac noir)…
Qu’il soit un détective professionnel comme John Chatterton ou un enfant ordinaire pris dans les rets d’une situation particulièrement dramatique (Ippon, La villa d’en face), le héros se définit d’abord par un certain style, une allure, un langage qu’il emprunte à d’illustres modèles et qui collent avec l’ambiance d’espaces privilégiés comme la rue (John Chatterton, Théo Toutou), les bars louches (Touchez pas au roquefort), les villas isolées (Lilas)… A l’instar de ce dernier album où les décors sont particulièrement inquiétants, l’espace de l’action est en effet toujours signifiant.

 3. Selection d'ouvrages


  • Albums :

-    Rouletapir, le petit détective, Laurence L., Grasset Jeunesse (3 titres).
-    Touchez pas au roquefort, Bernard Stone & Rodolph Steadman, Gallimard Jeunesse.
-    John Chatterton détective, Lilas, Le grand sommeil, Yvan POMMAUX L’école des loisirs.
-    Le musée des mystères, Arthur GEISERT, Autrement Jeunesse.
-   Archibald le koala, Paul Cox, Albin Michel Jeunesse (5 titres ; les albums ont été adaptés en dessin animé par Claude Allix, VHS France 3).

-    Jim Iguane détective : l’affaire du caméléon disparu, Nina Laden,  Colonie des Griffons-Abbeville.
-   La reine des fourmis a disparu, Fred Bernard et François Roca, Albin Michel jeunesse. (Sélection MEN Cycle 3)


  • Bandes dessinées :

-    Les enquêtes de Théo Toutou, Yvan Pommaux, Bayard (4 titres).
-    Marion Duval, Yvan Pommaux, Bayard (12 titres).


  • Nouvelles :

-    Le chat de Tigali, Didier Deaninckx, Syros.
-    Le monstre du lac noir, Hervé Jaouen, Syros.
-    Qui a volé l’Angelico ?, Yvan Pommaux, Bayard Poche.
-    La villa d’en face, Boileau-Narcejac, Bayard Poche
-    Trois fêlés et un pendu, Jean-Hugues Oppel, Syros.
-    Drôle de samedi soir, Claude Klotz, Hachette.


  • Roman :

-    Ippon, Jean-Hugues Oppel, Syros.
-    Sans-Atout et le cheval fantôme, Boileau-Narcejac, Gallimard.
-    L’assassin de Papa, Malika Ferdjouk, Syros.

4. Documentation
  • Ouvrages généraux :

-    Enquête sur le roman policier pour la jeunesse, Françoise Ballanger (dir.), La joie par les livres, 2003.
-    Lire le roman policier, Franck Evrard, Dunod, 1996.
-    Le roman policier, Yves Reuter, Nathan, 1997.

  • Ouvrages pédagogiques :

-  Activités de lecture à partir de la littérature policière, Christian Poslaniec et Chirstine Houyel, Hachette, 2001.
-   Lire et écrire avec le roman policier, Marie-Luce Gion et Pierrette Slama, CRDP de Créteil, Argos, 1998.
-   Le roman policier pour la jeunesse. Assurance frissons - Revue : Textes et Documents pour la classe (TDC) n° 743, Scéren/CNDP, 1997.

 

Last modified 2007-11-27 11:18