Construction du récit
Première partie : construction de l'archétype de l'ogre. Qu'est-ce qui fait croire que Luigi est un ogre ?
Sur la couverture, à partir de ses attentes, le jeune lecteur voit l'ogre, immense, gros et agressif dans son énorme pantalon rouge. Les enfants kidnappés, effrayés, lui apparaissent tout petits tandis que, en première lecture, les choux-fleurs sont assimilables à des arbres. Porté par son mouvement, l'ogre donne l'impression de se ruer vers le lecteur.
Mais on peut déjà noter :
- que les couleurs utilisées en aplats sont particulièrement vives, lumineuses et gaies
- que les pages de garde sont décorées d'un damier de choux-fleurs
- que l'environnement est contemporain : objets ( sac à dos, verrous, vêtements et coiffure, mobilier), habitat, marché et nourriture, crèche, eau courante, électricité..) , que l'ogre est en maillot de corps marqué " Luigi ", ce qui correspond peu à l'atmosphère du conte traditionnel
- que l'ogre est édenté, qu'il n'a pas son coutelas et qu'il dévore …un chou fleur
- que, dans la double page 5 & 6, les enfants jouent, ils représentent l'ogre par le dessin, et même les peluches portent une pince à linge : Luigi serait-il un ogre…de papier?
Seconde partie : Déconstruction de l'archétype : voici l'ogre végétarien
On peut afficher et comparer les double pages 9&10, 17&18
On découvre un Luigi accordéoniste et tendre - " la musique adoucit les mœurs " - des enfants souriants, l'humour du tatouage sur le bras de Luigi : un cœur surmonté de " Maman "… et toujours le chou-fleur !
Mais on peut noter que très vite Luigi porte dentier…
Troisième partie : le naturel revient au galop
L'illustration de la dernière page présente, tout en haut de la pente, un Luigi récuré et souriant à pleines dents, mais portant serviette au cou, fourchette et couteau au poing, tandis que la troupe d'enfants et de lapins dégringole la pente. Dans la bulle, les petites fleurs traduisent tout son amour des enfants ambigu, et la relation texte image donne toute sa valeur aux mots de la fin : " Croquer la vie à pleine dents "