Grand-père est un album qui dérange, qui n'est pas facilement proposé, ni lu dans les classes. Sans doute vaut-il mieux rencontrer Otto avant Grand-père, et pourtant celui-ci explicite ce que l'autre suggère. Il montre en clair ce qui s'est passé, dans Otto, entre le départ de David et sa réapparition. Il aide à comprendre plus largement le jeu des enchaînements (l'antisémitisme, les pogroms, la volonté d'extermination…) et des responsabilités (y compris du gouvernement de Vichy et d'une partie de l'opinion publique française). Plus encore qu'Otto il permet de comprendre pourquoi de telles histoires doivent être racontées, rappelées à la mémoire au lieu d'être enfouies dans l'oubli. On peut leur adjoindre Rose Blanche (Gallimard, ill. R. Innocenti), dont le réalisme méticuleux apporte une variante intéressante.
La difficulté, pour le jeune lecteur, sera de maintenir le lien entre l'histoire individuelle et l'histoire collective, entre l'évocation d'un destin particulier, et la portée infiniment plus large, le regard sur une époque (celle des faits, la nôtre), la valeur de leçon donnée au récit. A la fois brutale et pudique, l'illustration appelle d'autres images qui donneront à la figure du "grand-père" sa valeur d'exemple et de symbole. C'est pourquoi nous avons inscrit l'album dans une constellation dont vous trouverez le développement sous le titre "Histoire et valeurs".