Les récits policiers se partagent entre récits du point de vue du détective (les plus nombreux) et récits du point de vue de la victime. Dans le premier cas (très prégnant dans les deux premiers volets de la trilogie), l'enquête suit le schéma suivant : d'une situation inexplicable on va vers une découverte progressive par une succession de réponses aux questions : pourquoi cet enlèvement ? comment ? qui en est le responsable ? L'enquêteur dans ce cas suit un ordre qui pourrait se dire ainsi :
a) examen des données (lieux du "crime"...),
b) vérification des renseignements donnés par une tierce personne ;
c) partage entre indices réels et mensongers ;
d) élucidation de l'énigme, explication de l'énigme, du mobile, capture du coupable. Un bon exemple de ce type de récit est fourni par Le Chien des Baskerville de Sir A. C. Doyle.
Dans le deuxième cas (très net dans le troisième volet), le détective glisse progressivement dans le statut de la victime, son pouvoir d'enquêteur est neutralisé. Deux nouvelles présentes dans le document d'application Littérature Cycle 3, Les doigts rouges et Drôle de samedi soir" en fournissent un bon exemple.
Ce point est renforcé par la transposition/basculement du récit dans un univers onirique, merveilleux (celui du conte de Grimm). John, qui ne connaît pas assez bien, semble-t-il, ses classiques, échoue momentanément dans son enquête. Il est lui-même victime du grand sommeil. Récit du point de vue du détective et récit du point de vue de la victime finissent ici par se confondre.
On pourrait donc en classe faire schématiser les deux récits en les matérialisant par deux axes sur lesquels seraient ordonnés les événements.
Le récit policier :
- Arrivée de John Chatterton chez Monsieur et Madame Rosépine
- Monsieur Rosépine expose à John Chatterton la prédiction
- Filature de la jeune fille et découverte des amoureux au café Grimm
- Suite de la filature (le lecteur voit l’affichette du rouet à vendre avant que le détective ne la découvre)- Plongée dans le grand sommeil pour Mlle Rosépine et tous ceux qui l’entourent : John Chatterton lutte et réussit à d’éloigner.
- Il retourne à son bureau et lit le recueil des Affaires criminelles célèbres afin d’y trouver la réponse : il doit chercher « l’élu de son c½ur ».
- L’ayant retrouvé au café Grimm, il le convainc de le suivre. La haie d’épines s’ouvre devant lui et il peut réveiller la belle endormie d’un baiser.
- John Chatterton indique aux lecteurs que les deux jeunes amoureux sont heureux et que tous les gens se sont réveillés.
Récit de la victime
- Les parents exposent la prédiction : à quinze ans Mlle Rosépine « plongerait dans le « Grand Sommeil » après s’être piqué le doigt au fuseau d’un rouet ».
- Mlle Rosépine rencontre au café Grimm un.garçon dont elle paraît amoureuse : l’un boit de la menthe, l’autre de la grenadine
- Elle est attirée une affichette sur la vitrine d’un antiquaire sur laquelle on peut lire Rouet ancien à vendre.
- Elle monte à l’étage et se pique le doigt avec l’aiguille.
- Elle tombe endormie sur un lit à carreaux rouge et vert (grenadine et menthe !).
- Tout le monde s’endort autour d’elle et une haie d’épines entoure les lieux.
- Averti, le jeune homme se décide à aller sur les lieux : la haie d’épines s’ouvre devant lui et il peut réveiller la belle endormie d’un baiser.
- Tout le monde est réveillé.