Mise en images et mise en texte

Mise en scène des savoirs

- Mise en images

La première de couverture présente un écureuil et peut détourner l’attention du gland qu’il tient entre ses pattes ; cette image est la reprise légèrement zoomée de celle de la page 10 dont le texte explicite le rapport entre l’écureuil et le gland. Les pages de garde, elles, centrent sur le gland, présentant trois phases de sa germination, évoquant l’action du mulot prédateur et placent l’évènement en automne grâce aux feuilles de chêne roussies. Les premières pages de l’album situent l’environnement : une clairière - harmonieux médaillon aquarellé, avec ses cerfs et ses biches graciles, dans le style des années 1950 - puis le chêne solitaire et majestueux, avant le zoom sur trois glands, page de gauche et leur principal prédateur, l’écureuil, page de droite.
Chacun des prédateurs potentiels, écureuil, insecte pondeur, geai, mulots, chevreuil, sont dessinés en action, en gros plan, avec une précision scientifique, tandis que Petit gland, qui leur a échappé, est à repérer, la plupart du temps, dans un coin de la page de droite, bien caché sous son genévrier où il germe. La juxtaposition des divers protagonistes permet d’avoir une idée des échelles de grandeur.
Le lecteur attentif peut alors suivre la croissance de Petit Gland pendant un an jusqu’à l’automne suivant où la plantule mobilise, conquérante, une page entière. Là s’arrête en images, au bout d’un an, l’histoire de Petit gland, car la croissance de la plantule, la floraison, la reproduction de l’arbre, prendront des années. et l’album se clôt sur la vision de la clairière initiale presque identique.
La rhétorique de l’image, portée par la technique de l’aquarelle et l’alternance des plans larges et des gros plans détourés, sert tout à la fois la visée documentaire (montrer un développement naturel) et la narration (raconter une aventure). Comme dans d’autres albums du même genre, les saisons rythment la présentation par des impressions colorées stéréotypées comme le blanc de l’hiver, même si le chêne pédonculé peut vivre dans des régions où il ne neige pas ou qu’exceptionnellement.


- Mise en texte
Le texte de l’album se présente comme un récit de vie au présent - celle de « Petit gland » - comportant une série d’informations. Le gland, fruit du chêne est un personnage, il a une famille (« ses frères » p.8, « son père » p.28), il a des sensations, des sentiments, (p.20, p.24) ; Lles autres animaux également (Madame Balanin-Éléphant, l’insecte pondeur). Il a des besoins différents à des étapes différentes : l’humidité, l’eau, la lumière. Il a des ennemis : les animaux qui pourraient le manger ou le stocker, un milieu défavorable : la moisissure… La tournure négative des phrases « Les sangliers ne viendront pas le manger…les mulots ne le déterreront pas…les écureuils ne l’enfouiront pas… » permet de mettre l’accent sur les aléas de la germination et de la reproduction végétale.

Le texte se montre autonome par rapport à l’image, bien que les déictiques aient un double fonctionnement : « C’est la fin de l’été » ; « Là » « Là encore » renvoient à ce qui est énoncé comme à ce qui est montré.
Le narrateur apparaît dans les évaluations qu’il donne du développement de la plante : « D’autres glands ont moins de chance ». Dans la page documentaire sur le chêne pédonculé qui termine l’album et qui ne sera pas accessible avant le cycle 3, l’écriture devient plus impersonnelle et neutre, présentant les caractéristiques des écrits documentaires. Il serait donc intéressant de comparer avec les élèves du Cycle 3 le texte fictionnel de l’album et le texte documentaire qui le clôt.