Interpréter

• Il s’agit de modifier son rapport au signe linguistique.

L’activité ordinaire de “ décodage-compréhension ” s’avère décevante. La mise en relation, avant la lecture proprement dite, avec des expériences culturelles est requise pour entrer dans le recueil. La mobilisation de l’activité visuelle ( regarder voir associer des images) précède le travail langagier ; ensuite la lecture du titre induit une piste interprétative à explorer, dictionnaire en main parfois pour donner corps aux intuitions.
Le feuilletage rapide parfois décourage le lecteur car il s’agit ici de faire rupture avec les automatismes de lecture acquis et de s’interroger par conséquent sur son activité de lecteur de signes linguistiques. Le premier poème donne le ton, simplement en faisant des gammes typographiques. Ouvrant le recueil, il fait fonction de frontispice, d’image(s) annonçant la couleur ! “ tout est illisible/ et déjà /tout est lisible… ” Il invite le lecteur à modifier son point de vue : lire les mots mais aussi les images graphiques qu’ils constituent. Les choix de polices illustrent le principe d’une signification en surépaisseur lorsque le lecteur devient attentif au physique de la lettre ou du mot, de la même manière que l’énoncé oral prend des significations différentes selon la personne en chair et en os et le contexte de production de l’énoncé.

• Il s’agit de modifier son rapport au texte.

Comment se construisent les significations ?
Dans la classe, les itinéraires de chacun seront capitalisés, ouvrant le champ à des possibles interprétatifs. Tout est signe dans le recueil : sont convoqués les savoirs linguistiques mais aussi nos premières hypothèses d’apprenti lecteur à la découverte de l’écrit ou celles d’un étranger face à un nouveau code.
Pour les élèves, comme pour tout lecteur, le texte du poème se présente comme une énigme, qui, à la différence d’un rébus, n’a certainement pas qu’une signification. L’élaboration passe par la prise en compte de plusieurs catégories d’indices :