Mise en texte et mise en mots

Les temps du récit (imparfait passé-simple) contribuent à créer un univers de conte ponctué par des conversations entre Sophie et le BGG qui font avancer l'histoire. Les dialogues sont rendus savoureux par le style langagier du BGG, mots valises, mots écorchés, parfois traduits ou interrogés par Sophie qui sont autant de points d'appui ou d'aiguillons pour l'activité du jeune lecteur : ne pas prendre tout ce qui est dit au pied de la lettre, rechercher l'allusion, traduire le jeu de mots… Voir la scène de la chasse aux rêves : le lecteur découvre avec Sophie les deux sortes de rêves, les beaux rêves (le crochetoucoeur, la bouille de gnome…) et les cauchemars (le troglopompe), leur nature "ils sont invisibles jusqu'à ce qu'ils soient prisonniers".
La mise en mots se trouve ainsi au service de la construction du système des personnages. Les paroles du BGG sont de l'ordre d'un délire verbal d'assonances, de mots valises ("désaxécrable", "vrombinronnante", "faramidable"…), constituant un registre d'oralité autre que celui de la dévoration (nom des ogres du pays des géants) . Le jeune lecteur pourra d'ailleurs se constituer un dictionnaire pour parler à la manière du BGG.