Du côté du lecteur
La réception du lecteur par rapport au récit canonique
L’enrôlement du lecteur dans cette histoire nécessitera dans certains cas de dépasser la déception liée à l’attente d’une immersion dans une histoire chevaleresque avec épreuves, combats épiques et conquêtes. Le monde ancien est révolu et l’auteur nous entraîne dans un autre monde où les dragons deviennent des animaux de compagnie des hommes. Comprendre pourquoi ni le Prince ni le Dragon ne se résolvent à accepter leur destin, c’est à la fois identifier les raisons objectives énoncées par les personnages « je ne veux pas te tuer, je ne peux pas te tuer » mais aussi le système de valeurs caractéristiques du monde contemporain qui s’exprime dans ce refus.
Le rôle de la princesse est capital dans la résolution du conflit car le Roi n’accepte la situation que parce que la princesse menace de partir, ce qui signifie l’absence d’héritiers. Cette scène mérite d’être jouée par les élèves afin qu’ils puissent exprimer le rapport de forces sous-jacent et la rupture que le comportement de la princesse introduit.
Place de l’album dans la constellation : la figure de la belle
Le récit chevaleresque enferme quelque peu la princesse dans un rôle passif : elle est choisie plus qu’elle ne choisit son destin. Avec les jeunes élèves, une séance de relecture visera à mesurer et interpréter l’écart entre les rôle et statut attendus de la part de la princesse et les changements notables que l’album introduit.
À cet effet, une comparaison entre la page 29 et les pages 31 à 33 (numérotation à partir des pages de garde) s’avère utile à partir d’un questionnement de type : qu’est-ce qui a changé dans la manière d’être (de faire) de la princesse ?
Un débat interprétatif pourra alors se développer.
Le texte et l’image apportent l’un et l’autre des éléments à interpréter :
Comportements stéréotypés : la jeune fille rougit, elle a le souci d’être belle (je ne me suis même pas coiffée)
Référence au récit archétypal : « Je ne vous attendais pas si tôt /je suis un peu en avance, c’est vrai. Mais c’est une autre histoire, je vous expliquerai plus tard… ». Demander aux élèves d’écrire ce que le Prince va dire à la princesse pour lui expliquer cette avance… Faire préciser aux élèves si oui ou non la princesse connaît l’histoire type. Eventuellement écrire la scène complète et la mettre en jeu.
Émancipation : c’est la princesse qui par son intervention fait basculer le récit et met fin au conflit qui se réactivait devant le spectacle du prince chevauchant un dragon domestiqué.
« - Et moi, alors ! Je suis la princesse quand même ! Je préfère m’en retourner au fond de la forêt que de devenir la reine d’un royaume d’imbéciles ! »
La princesse fait valoir son statut pour agir sur le principal représentant de l’autorité « le roi » et aboutir à ses fins : épouser le prince qui lui est déjà acquis (l’image renforce ce fait avec un chemin de petits c½urs qui traverse la page) et réparer la tour qui penche en utilisant le trésor gardé par le dragon et par là même redorer le blason du royaume ! Afin de poursuivre la réflexion, on pourra demander aux élèves ce qui se serait passé si le prince avait tué le dragon…Que lui aurait dit la princesse ?
D’autres albums mettent en scène diverses formes d’émancipation qu’il conviendra d’expliciter avec les élèves en mettant à jour les moyens que la princesse utilise pour arriver à ses fins. (voir bibliographie de la constellation).
Le système de valeurs
Cette histoire met en exergue un changement de m½urs : à partir d’un refus d’obéissance de la jeune génération, le monde change. Les enfants s’opposent à l’autorité parentale et s’enfuient du domicile parental. Le plus petit, comme dans les contes, n’est pas fort physiquement mais est malin, calculateur et pragmatique. Les dragons malgré leur puissance physique deviennent des animaux domestiques. La princesse représentante de la gent féminine s’oppose et fait valoir son point de vue et ses intérêts
Les valeurs morales sont largement travaillées dans le récit autour de l’acte de tuer dont les élèves auront pu explorer les valeurs sémantiques des synonymes.
Pourquoi en fait le Prince ne veut-il pas tuer de dragons ? Pourquoi le jeune dragon ne veut-il pas tuer de prince ? Ces deux questions sont essentielles pour mettre à jour les changements de systèmes de valeurs mis en scène dans l’album et pourront donner lieu à un débat dans la classe à partir d’écrits de travail que chaque élève aura produits.
L’enrôlement du lecteur dans cette histoire nécessitera dans certains cas de dépasser la déception liée à l’attente d’une immersion dans une histoire chevaleresque avec épreuves, combats épiques et conquêtes. Le monde ancien est révolu et l’auteur nous entraîne dans un autre monde où les dragons deviennent des animaux de compagnie des hommes. Comprendre pourquoi ni le Prince ni le Dragon ne se résolvent à accepter leur destin, c’est à la fois identifier les raisons objectives énoncées par les personnages « je ne veux pas te tuer, je ne peux pas te tuer » mais aussi le système de valeurs caractéristiques du monde contemporain qui s’exprime dans ce refus.
Le rôle de la princesse est capital dans la résolution du conflit car le Roi n’accepte la situation que parce que la princesse menace de partir, ce qui signifie l’absence d’héritiers. Cette scène mérite d’être jouée par les élèves afin qu’ils puissent exprimer le rapport de forces sous-jacent et la rupture que le comportement de la princesse introduit.
Place de l’album dans la constellation : la figure de la belle
Le récit chevaleresque enferme quelque peu la princesse dans un rôle passif : elle est choisie plus qu’elle ne choisit son destin. Avec les jeunes élèves, une séance de relecture visera à mesurer et interpréter l’écart entre les rôle et statut attendus de la part de la princesse et les changements notables que l’album introduit.
À cet effet, une comparaison entre la page 29 et les pages 31 à 33 (numérotation à partir des pages de garde) s’avère utile à partir d’un questionnement de type : qu’est-ce qui a changé dans la manière d’être (de faire) de la princesse ?
Un débat interprétatif pourra alors se développer.
Le texte et l’image apportent l’un et l’autre des éléments à interpréter :
Comportements stéréotypés : la jeune fille rougit, elle a le souci d’être belle (je ne me suis même pas coiffée)
Référence au récit archétypal : « Je ne vous attendais pas si tôt /je suis un peu en avance, c’est vrai. Mais c’est une autre histoire, je vous expliquerai plus tard… ». Demander aux élèves d’écrire ce que le Prince va dire à la princesse pour lui expliquer cette avance… Faire préciser aux élèves si oui ou non la princesse connaît l’histoire type. Eventuellement écrire la scène complète et la mettre en jeu.
Émancipation : c’est la princesse qui par son intervention fait basculer le récit et met fin au conflit qui se réactivait devant le spectacle du prince chevauchant un dragon domestiqué.
« - Et moi, alors ! Je suis la princesse quand même ! Je préfère m’en retourner au fond de la forêt que de devenir la reine d’un royaume d’imbéciles ! »
La princesse fait valoir son statut pour agir sur le principal représentant de l’autorité « le roi » et aboutir à ses fins : épouser le prince qui lui est déjà acquis (l’image renforce ce fait avec un chemin de petits c½urs qui traverse la page) et réparer la tour qui penche en utilisant le trésor gardé par le dragon et par là même redorer le blason du royaume ! Afin de poursuivre la réflexion, on pourra demander aux élèves ce qui se serait passé si le prince avait tué le dragon…Que lui aurait dit la princesse ?
D’autres albums mettent en scène diverses formes d’émancipation qu’il conviendra d’expliciter avec les élèves en mettant à jour les moyens que la princesse utilise pour arriver à ses fins. (voir bibliographie de la constellation).
Le système de valeurs
Cette histoire met en exergue un changement de m½urs : à partir d’un refus d’obéissance de la jeune génération, le monde change. Les enfants s’opposent à l’autorité parentale et s’enfuient du domicile parental. Le plus petit, comme dans les contes, n’est pas fort physiquement mais est malin, calculateur et pragmatique. Les dragons malgré leur puissance physique deviennent des animaux domestiques. La princesse représentante de la gent féminine s’oppose et fait valoir son point de vue et ses intérêts
Les valeurs morales sont largement travaillées dans le récit autour de l’acte de tuer dont les élèves auront pu explorer les valeurs sémantiques des synonymes.
Pourquoi en fait le Prince ne veut-il pas tuer de dragons ? Pourquoi le jeune dragon ne veut-il pas tuer de prince ? Ces deux questions sont essentielles pour mettre à jour les changements de systèmes de valeurs mis en scène dans l’album et pourront donner lieu à un débat dans la classe à partir d’écrits de travail que chaque élève aura produits.
Last modified
2009-12-03 15:39