Mise en images, Mise en mots
L’architecture minimaliste de la page, très géométrique, s’inspire des courants d’art contemporain focalisant le regard sur les personnages et leurs actions dans le contexte.
Par un effet de métonymie, l’arrosoir devient le jardinier et la pomme de l’ustensile, c’est l’arrosoir lui-même. Le chapeau, l’anse et la barre de soutien représentent les bras. Le mouvement vers la terre, au fur et à mesure que le récipient se vide, confirme cette représentation. « On dirait un monsieur », pourront dire les jeunes élèves : comment le sait-on ? L’observation du dessin (mains, œil, chapeau, jambes et pieds), et des paroles du personnage susciteront des verbalisations explicitant le procédé. A partir de l’arrosoir, les élèves pourraient anthropomorphiser d’autres objets du jardinier (sécateur, râteau, bêche…) et imaginer une autre histoire dans le jardin…
La mise en scène débute par l’entrée des personnages et se poursuit par la mise en dialogue, visualisée par sa disposition dans l’espace de la page coupé d’une horizontale : partie aérienne pour l’arrosoir, partie terrestre pour les plantes et escargots. Les légumes et les escargots dialoguent avec l’arrosoir-jardinier :
- Bonsoir, bonsoir dit l’arrosoir
- Merci, merci, disent les potirons
- Et nous ! et nous ! réclament les escargots
Les échanges sont identiques d’une page à l’autre avec carottes, salades, navets, tomates, « patates » …jusqu’aux poireaux
- Zut, point d’eau dit l’arrosoir
- Et nous et nous disent les poireaux
Avec des PS (niveau 1 du cycle 1), il serait intéressant d’enrôler les élèves dans le scénario de jeu et de reprendre la lecture jusqu’à la mémorisation.
On pourrait rechercher avec la classe comment développer l’histoire (deuxième jour, autres plantes…), rechercher par exemple dans Fruits et légumes, (Milan), d’autres légumes pouvant se trouver dans le jardin avec les tomates. Ce qui permettrait aux élèves de se poser alors la question de la saison.
- Jeux de langage / jeux sur la langue
Le texte par ses répétitions est proche d’une comptine. Le jeu sur les mots entre la première page où le « Point d’eau » représente avec le tuyau d’arrosage enroulé, la source de l’eau, et le « Zut, point d’eau ! » qui marque l’absence de l’eau en fin d’arrosage, ne sera pas spontanément compris par les jeunes lecteurs. (Il y aura certainement à expliciter sans s’appesantir en cherchant « le point d’eau » de la classe ou en faisant remarquer qu’il n’y a « point d’eau » sur la table) …Même chose pour le découpage du mot du titre ARRO/SOIR qui peut renvoyer à la séance d’arrosage du soir. En Moyenne section, il est possible aux élèves de résoudre l’énigme ARRO SOIR ; en reformulant « arrosoir du soir » ; en coupant des mots de même famille et en lisant ce que ça donne ARRO - SAGE ; ARRO – SONS.
Le ludique intervient aussi dans le comportement des escargots qui s’efforcent d’imiter tour à tour les divers légumes avec les diverses parties de leur corps.
Y parviennent-ils ? On peut poser la question aux élèves ! (Cf la séquence tomate-petits pois)
- La constitution des plantes
Les potirons vus de l’extérieur sont posés sur la terre. Seul le fruit couronné de quelques feuilles est représenté. On pourra comparer avec la présentation du potiron dans Le potiron de Madame Potier (in Lola, dix histoires instructives, Y. Pommaux, Sorbier). Dans les pages suivantes, les légumes sont représentés dans le sol vu en coupe. Les jeunes élèves peuvent distinguer ce qui est racine et ce qui est feuille pour les carottes, salades et navets, les poireaux, puis ce qui est racine, tige, feuilles et fruits avec les tomates et mettre en relation avec les représentations proposées dans l’album documentaire Fruits et légumes, d’Anne Royer et d’Hélène Appell-Mertiny, Milan ou dans La carotte Premières découvertes Gallimard. C’est plus compliqué avec la « patate » dont les tubercules sont des excroissances sur les racines, réserves nutritives pour la plante. Quant aux codes des couleurs pour représenter la terre, les étoiles ou le crépuscule (le ciel passant progressivement du bleu au noir), les élèves les ont vraisemblablement déjà rencontrés.
- Les besoins des plantes
Les plantes ont besoin d’eau pour leur croissance. Elles appartiennent au règne végétal. Ce sont des organismes vivants mais qui ne se déplacent pas.
Les escargots eux sont des êtres vivants qui se déplacent. On ne les arrose pas. Ils ont besoin d’eau pourtant !
- La production
La scène se passe à un moment donné de l’année, qu’il est impossible d’identifier. L’album donne à penser que ces diverses plantes en sont au même stade de croissance. On pourra rechercher dans les imagiers des scènes de récolte et comparer.