Anacoluptères est donc à considérer comme une extension raisonnée du genre Abécédaires. Non seulement on rejoint les propositions faites à propos d'Alphabêti Alphabêta et l’expansion vers le genre Bestiaire. Mais surtout on retrouve en profondeur dans ce recueil la genèse de l'écriture, le souci de mettre en ordre l’univers. Le recueil poétique permet de jeter un regard en arrière sur les abécédaires qu'on a lus, qui sont tous une tentative de "penser/classer" le monde comme dirait Perec, le monde comme collection (d'insectes, de souvenirs...).
" Bousiers, trapus, doryphores, ça mettait les pages du livre et la campagne ensemble, tout un travail de couture entre le monde et les mots, entre ce qu'on voit et ce qu'on sait, dessous retourné dessus : le plus frais brillant, cicindèle un peu vite… ".
Ce "travail de couture" pointe la naissance de l'écriture, le souci de retrouver "ce qu'il y a peut-être d'enfoui dans les mots et dans le poème". Commentant notre commentaire, James Sacré nous écrivait: "un poème est peut-être comme n'importe quel objet du monde: on peut croire le comprendre mieux en le réduisant à une sorte d'équation abstraite, mais sa concrétude nous ramène aussitôt vers des obscurités qui nous interrogent encore" (31-10-2003).
Ce qui ouvre à d'autres constellations où, pour reprendre les mots de James Sacré, le " vivre-écrire " est "ce qui permet d'être avec les autres, avec le monde ou le langage ", de prolonger les thèmes qu'il continue de tisser dans ses poèmes : l'écriture, l'enfance, la mémoire vécue, l'attachement à la terre/nature…