(du côté du livre)
Calligraphie et typographie prennent dans cet ouvrage leur pleine valeur d'arts et de techniques : chaque histoire occupant le large espace d'une double page, chaque lettre calligraphiée peut déployer ses formes, déplier ses circonvolutions, lancer ses accents, empiétant au besoin sur la page voisine. Sur le fond ivoire de la page, la lettre détache ses traits noirs, s'emplit des figures de l'animal évoqué, se répète parfois en blanc sur la page voisine, dans l'attente d'autres histoires. Dans un même jeu d'échos, l'animal emblème et son nom tout entier calligraphié, ou un épisode clé du conte, se dessinent en ombres blanches, comme en creux. Dans l'espace de la double page une histoire est mise en scène (le guépard et sa proie, les pêcheurs et les poissons..) et c'est au lecteur de comprendre la relation suggérée. L'ivoire, le noir et le blanc répètent en quelque sorte 28 fois le principe alphabétique : la lettre dit le monde dans sa totalité et sa diversité, le monde emplit la lettre et lui donne son ampleur et son poids.