Tous les
éléments propres à la nature de l'image et aux choix de
l'illustrateur sont des points d'ancrage de l'interprétation du texte.
La réflexion ne portera pas sur l'analyse de l'image en tant que telle,
mais sur l'incidence des choix plastiques, en relation avec le texte, dans la
construction du sens par le lecteur, et les obstacles à surmonter par
l'enfant pour les saisir.
Les signifiants plastiques (couleur, texture, forme, éclairage,
utilisation de l'espace, composition, cadre)
Ainsi dans Max et les Maximonstres ,M. Sendak, Ecole des Loisirs, cycle
1, le passage de la petite illustration fermement encadrée à l'image
qui déborde du cadre puis envahit la pleine page, s'étale sur
la double page pour ensuite régresser, marque le passage de l'instant
du réel à la durée du songe, puis le retour au réel.
Mais comment cette interprétation est-elle concevable en cycle 1 ? Comment
la poser comme espace de problème ? Une mise en relation avec d'autres
albums qui présentent la même difficulté de passage du rêve
à la réalité, comme Puni cagibi, C. Dubois, Pastel, ou
Il y a un cauchemar dans mon placard, M. Meyer, Gallimard
.pourrait
être féconde.
- Les
techniques utilisées ( encre, aquarelle, lavis, crayon, collage,
photographie, infographie
.)
Ainsi dans Ne te mouille pas les pieds Marcelle , J. Burningham, Flammarion,
Cycle 2, l'opposition du petit crayonné sur fond blanc de la page de
gauche et de la gouache pleine page de celle de droite, traduit l'opposition
réalité/rêve vécue par la petite fille, le rêve
ayant plus de force, de saveur et de sens que le réel du quotidien.
Et dans Navratil, Ch. Mollet, Le Rouergue, Cycle 3/6ème - l'utilisation
dans les collages, en fond de page, de fragments imprimés de L'Odyssée
en grec, donne sa vraie dimension au voyage de l'enfant.
- Les
effets (trace, mouvement, lumière, flou, dégradé,
aplat
)
Ainsi dans Où est passée maman ?, - Toshi Yoshida, Ecole
des Loisirs Cycle 2 - le flou et les zébrures horizontales dans la
double page à l'italienne, traduisent le mouvement de fuite éperdue
des gnous poursuivis par les lionceaux dans l'immensité de la savane.
- Les
cadrages ( angle de vue, gros plan, plan moyen, lointain, panoramique,
plongée, contre-plongée, zoom
champ, hors-champ
)
Ainsi dans Et pit, et pat, à quatre pattes , J. Ashbé,
Pastel, Cycle 1 - les images en contre-plongée expriment la vision
du monde du bébé avec lequel dialogue le narrateur.
Dans Yakouba, T. Dedieu, Seuil, Cycle 3 - la dernière image
dans laquelle Yakouba, de profil, se retourne et regarde le lecteur, établit
leur complicité concernant l'enjeu de l'histoire et le secret.
- La
perspective historique respectée ou bouleversée.
Ainsi dans La pyramide, C. Delafosse, P. Biard Gallimard, Mes premières
découvertes, cycles 2 & 3 - la perspective traditionnelle est utilisée
dans les panoramiques qui reconstituent la vie antique. Dans les vignettes
évoquant le travail des artisans, elle est confrontée à
la représentation de l'espace propre à l'Antiquité égyptienne,
telle qu'on la découvre sur les fresques.
Dans Madlenka ,P. Sis, Grasset, Cycle 2 - les fausses perspectives,
en plan, en carré, en cercle, en plongée, en contre-plongée
ou inspirées de diverses cultures évoquent à la fois
le regard d'enfant de Madlenka, ses propres représentations de l'espace,
et le tour du monde qu'elle réalise en faisant le tour du pâté
de maisons.
- La
disposition dans la surface offerte à l'il (page, double-page,
volets et images cachées-révélées, changement
d'orientation
)
Ainsi dans Plouf, Philippe Corentin, Ecole des Loisirs, Cycle 1 - la
double page du format à l'italienne est utilisée verticalement,
traduisant la profondeur du puits et l'effet de chute