A qui parle-t-on?

Tout énoncé, parce qu'il est fait pour être lu, vise également un destinataire :

La lecture vise donc ici à comprendre le cadre communicationnel et à rejoindre l'intention de l'écriture : est-ce une adresse à un public indéterminé ? Est-ce une confidence en privé ? Le discours s'adresse-t-il à un lecteur "hic et nunc" ou à un lecteur saisi dans un contexte historiquement et/ou géographiquement différent ? A un lecteur naïf ou à un lecteur averti ?

 

C'est la rencontre de la diversité des textes, et le travail sur cette diversité, qui amèneront les lecteurs à comprendre que tout énoncé est multiple, qu'en lui se croisent et se superposent plusieurs voix : la voix du narrateur et les voix des personnages.

          - Le narrateur peut se faire " instance narrative " neutre, abstraite, distante, " les événements semblent se raconter eux-mêmes " (Benveniste). Il peut aussi marquer de son empreinte l'écriture, se faire " sujet d'une voix dans l'écriture. Il peut enfin être institué personnage de l'histoire et la raconter de son point de vue.
          - Les personnages peuvent dialoguer ouvertement (théâtralement) comme dans les romans de la comtesse de Ségur.

          - A la marge, certains textes présentent un échange entre le créateur et sa créature, comme dans les démêlées de "La petite personne" avec son auteure Perrine Rouillon, dans Mona Mie (1997), Le diable, l'amoureux et la photocopine (1999), Le petit dessin avec une culotte sur la tête (2001), La petite personne et la mort (2003), Tu me dessines et tu me regardes pas (2004) au Seuil, mettant en évidence l'acte de création, le jeu littéraire.

          - Le tissu textuel peut distribuer de manière extrêmement variée narration et discours des personnages (polyvalence du texte).

Enfin, les personnages et le narrateur peuvent échanger informations et jugements dans les diverses formes du discours rapporté :

 

Questionnements, réflexions et comparaisons aideront tout autant les lecteurs à repérer les caractéristiques des genres (le conte, l'autobiographie, le récit de voyage, la fiction historique, l'exposé scientifique,...) qu'à percevoir les rapports entre une oeuvre et d'autres qui l'ont précédée. La lecture littéraire est la mise en oeuvre des pratiques culturelles, intuitives et réfléchies, inhérentes à toute (bonne) lecture.